ACTIVITES HUMAINES

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Une commission du comité scientifique des réserves naturelles de Haute-Savoie intitulée « Vie Locale » a pour but d’intégrer à la réflexion globale sur les réserves les enjeux liés à la fréquentation, au patrimoine et à l’intégration des acteurs locaux. Dans ce cadre, de nombreux projets se construisent autour de recherches universitaires en géographie, sociologie, histoire et anthropologie…

Hydroélectricité, faire parler le « patrimoine industriel »

La Réserve Naturelle des Contamines-Montjoie est historiquement liée au complexe hydroélectrique de la Girotte à travers le transfert d’eau déviée à partir du captage de Tré-la-Tête et des prises d’eau du Plan Jovet. Bien que les traces de ce passé hydroélectrique soient aujourd’hui peu nombreuses, les écosystèmes ont été marqués par ces aménagements liées à la valorisation de la « houille blanche ». A partir de 2013, Asters-CEN74 a entrepris une démarche de réflexion autour des patrimoines « naturels » et « culturels » qui forgent l’identité de la Réserve Naturelle des Contamines-Montjoie. L’entreprise EDF, garante de la mémoire et de l’histoire de ces grands chantiers, cherche également à mettre en valeur le patrimoine industriel, technique et culturel des systèmes productifs dont elle est l’opératrice. C’est ainsi qu’EDF et le CEN74 ont entrepris de travailler sur le patrimoine hydroélectrique de la vallée du Bont Nant. Celui-ci est à la fois visible et invisible, ce qui rend complexe sa mise en valeur. La partie visible constituées des infrastructures situées en surface ne peut se comprendre qu’en prenant en compte celles, invisibles, situées sous terre, et celles, obsolètes, qui ont été démontées. Enfin ce patrimoine intègre également la mémoire et les récits de vie des personnes ayant travaillé sur les chantiers de construction du complexe. 

Les études menées de 2014 à 2016 ont cherché ainsi à définir pour qui et pourquoi ces infrastructures font patrimoine et à déterminer les différents éléments mobilisables pour sa valorisation sous la forme notamment d’un livret de découverte.

Nature et Patrimoine en Pays de Savoie n°49, juin 2016 : Marie FORGET & Christophe GAUCHON, USMB. Patrimoine naturel versus patrimoine industriel. La place du complexe hydroélectrique de Tré-la-Tête-La Girotte dans la réserve naturelle des Contamines-Montjoie

Bien que peu visibles dans le paysage actuel, les infrastructures hydroélectriques passées et en service occupent une place importante dans l’histoire de la réserve des Contamines-Montjoie. Elles témoignent d’une aventure industrielle, où l’Homme a investi la haute montagne, à la recherche d’eau pour remplir les barrages. À travers ces infrastructures, l’Homme a ainsi détourné des millions de mètres cube d’eau du haut Val Montjoie vers le Beaufortin voisin. À l’heure des énergies renouvelables et alors que l’eau captée dans la Réserve permet toujours de produire de l’électricité, un livret propose d’explorer quelques traces, anecdotes et témoignages liés à cette histoire singulière.

       

Flux touristiques, accueil et sensibilisation

La question des flux et des activités touristiques est une préoccupation du gestionnaire des réserves naturelles depuis longtemps. Ces dernières années, les interrogations ont porté sur la compatibilité des usages touristiques avec la préservation des milieux, de la faune et de la flore.

Des études de fréquentation qualitatives

Plusieurs travaux d’étudiants ont planché sur ces questions au travers de méthodes quantitatives (utilisation des écocompteurs placés aux entrées et sur les sentiers des réserves) et de méthodes qualitatives (enquêtes par questionnaires semi-directifs). 

De grandes variations de fréquentation sont à noter entre les différentes réserves naturelles de haute-Savoie (bord de lac ou montagne), en termes de flux de fréquentation, de profils des visiteurs, d’usages, de comportements, et aussi d’attentes… Des études comparatives ont montré combien il est utile de considérer les particularités et fragilités de chaque territoire. La réserve naturelle de Passy par exemple, 16 fois plus grande que la réserve du Bout du Lac enregistre moins de la moitié du nombre des visiteurs, mais compte des sources de dérangement qui lui sont propres.

Photo ci-contre : "Pose d'un éco-compteur dans la réserve naturelle de Passy"

Usages récréatifs en montagne et faune sauvage

Le développement de la pratique des sports de nature conduit à une présence humaine importante dans les territoires de montagne tout au long de l’année. Cette présence peut impacter directement les populations animales autant en terme d’effectifs que de répartition, et donc, indirectement, avoir des conséquences sur la biodiversité des milieux. Quantifier précisement la fréquentation des espaces naturels, et qualifier cette fréquentation en réalisant une typologie des usages récréatifs est la première étape menée par le gestionnaire.

Dans ce cadre, Asters-CEN74 soutient la thèse de Léna Gruas (2017-2020), laboratoire EDYTEM de l’Université Savoie-Mont-Blanc. Ce projet de thèse porte sur les interrelations entre les pratiquants de randonnée estivale et hivernale (en raquettes    ou en ski de randonnée) et chamois et bouquetins. Différents territoires d’étude représentatifs de différents statuts de protection sont ainsi à l’étude : la RNCFS des Bauges, site pilote pour l’analyse des interrelations entre sports de nature et faune sauvage ; la Réserve naturelle des Aiguilles rouges en Haute-Savoie, site très fréquenté à la fois pour l’aspect spectaculaire de ses paysages, de sa facilité d’accès et la quasi-certitude de rencontre avec les bouquetins ; et le massif de La Lauzière, espace ordinaire où aucune mesure de protection spécifique n'est mise en œuvre.

Nature et protection, quelle valeur pour les espaces protégés ?

Le séminaire « La nature et sa protection : conflits, valeurs et appropriation » (Annecy - 2013) visait à interroger les dimensions sociales et culturelles de la protection de la nature. Quels espaces protéger ? Quels périmètres retenir ? Quelles espèces protéger ? La protection est un révélateur des relations Hommes-Environnement, sans cesse fluctuant entre activités humaines et priorités fixées.

Date de publication sur le site : 
Vendredi, 4 Décembre, 2020