LE BOUQUETIN DES ALPES
Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), est une espèce de la famille des Ongulés. Présent dès la préhistoire, le bouquetin fut représenté sur les murs de grottes habités. L’animal est demeuré abondant jusqu’à la fin du XVIème siècle où il vivait dans toutes les régions montagneuses d'Europe. C’est le développement des armes à feu qui causa sa perte. L'animal, facile à approcher et à chasser car peu farouche, est alors consommé pour sa viande. Il est également prisé dans la médecine de l’époque : ses cornes, son sang et son estomac sont utilisés comme remèdes. L'os cruciforme situé au niveau du cœur est porté autour du cou comme talisman contre la mort subite. Si bien qu’à la fin du XVIIIeme siècle il ne reste plus que quelques individus. L’espèce doit sa survie au roi Charles-Felix de Savoie qui le premier en interdit la chasse sur les terres royales du Grand Paradis en Italie, puis sur l'ensemble des terres de la Maison de Savoie. Le roi Victor Emmanuel II fit ensuite protéger les derniers individus situés en Vallée d’Aoste (Italie) pour sa chasse personnelle, en créant la réserve royale du Grand Paradis. Il engagea même un corps de gardes-chasse afin de protéger cette population. En 1922, la réserve royale de chasse du Grand Paradis devient un parc national et la chasse y est complètement interdite.
Côté français, une petite population s’est maintenue sur les hauteurs du massif de la Vanoise, dans des versants escarpés. La création du Parc National de la Vanoise, contigu au Parc National italien du Grand Paradis, facilita les échanges entre les deux populations et contribua ainsi au renouveau de l'espèce.
L’équilibriste des falaises
Le bouquetin se reconnaît à ses grandes cornes, qui peuvent atteindre chez le mâle, aussi appelées « bouc », 15 kg et mesurer 70 cm (parfois 90 cm). Elles ne tombent jamais et les anneaux de croissance permettent de déterminer l’âge de l’individu. L'animal peut mesurer jusqu’à 1 m au garrot et peser de 80 à 120 kg pour les mâles. Les femelles, appelées « étagnes » ne pèsent que 50 kg. Leurs cornes sont beaucoup plus courtes, très fines et sans bosses. Plus pointues, elles sont aussi plus dangereuses.
Les bouquetins sont des herbivores ruminants. Leur estomac compte 4 poches adaptées à la rumination.
Le rut a lieu de décembre à janvier. La couleur du pelage varie sensiblement en fonction des saisons. En hiver, il s’épaissit et prend une teinte brun foncé, quasiment noire. Au printemps, les bouquetins muent et leur poil s’éclaircit. Leur pelage est donc beige au niveau du ventre et noirâtre dans le bas des pattes et de leur courte queue.
Le Bouquetin affectionne les falaises abruptes, les à-pics et les parois escarpées dans lesquels il se meut avec agilité grâce à ses sabots adhérents.
Dans les Alpes, selon les saisons, on peut le trouver entre 500 à 3 300 m. L'été les animaux montent vers les cols les plus élevés, les sommets ou les crêtes pour profiter des pâturages non consommés par les autres herbivores. Mâles et femelles, accompagnés des jeunes de l’année forment des hardes qui comptent jusqu’à 30 animaux. A l’automne les troupeaux se séparent. En hiver, ils se rencontrent plus bas vers 2000 m ou moins et peuvent même descendre jusque dans les vallées pour trouver de la nourriture.
Des réintroductions successives
Grâce à différentes réintroductions, l'espèce se trouve de nouveau aujourd'hui dans la quasi-totalité du massif des Alpes, mais de façon très discontinue, en petits habitats dispersés. Au cours du XXe siècle, quelques animaux en provenance du Grand Paradis sont venus naturellement renforcer les populations locales en vallée de la Maurienne (Savoie), qui ont résisté comme le groupe italien à l'extinction, du fait de leur isolement géographique. Ils étaient une soixantaine quand eut lieu en 1963 la création du Parc national de la Vanoise qui décida de protéger intégralement l'animal et de l’adopter comme emblème. Des animaux commencent alors à sortir des frontières du parc pour recoloniser progressivement ses alentours.
Une espèce protégée
Les réintroductions successives sur l'arc alpin ont permis d'améliorer l'état de conservation de l'espèce. Cette restauration a valeur d'exemple, c'est un modèle de réussite. En France et en Italie, l'espèce fait l'objet d'une protection stricte et totale. En France, le bouquetin est non chassable depuis 1962 et protégé depuis 1981. Aujourd'hui, plus de 50 000 bouquetins (estimation 2012) sont présents sur l'ensemble des Alpes et cette population globale est désormais stable avec une légère tendance à l'augmentation, ce qui a conduit l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à considérer que le Bouquetin des Alpes n'est plus une espèce en péril. Toutefois, cet effectif masque une diversité de situations locales, qui interrogent quant aux facteurs susceptibles d'influer la démographie de l'espèce. En effet, la faible diversité génétique des populations de Bouquetin est un facteur de fragilité pour ceux-ci.
Observer le Bouquetin en Haute-Savoie
A Sixt-Fer-à-Cheval en montant vers les chalets de Sales. Sur des sentiers du massif du Bargy en partant du col de la Colombière
Le projet européen Alcotra LEMED IBEX
Ce projet franco-italien se déroule à l'échelle d'un vaste territoire au sein duquel les animaux se déplacent. Intitulé « Monitoring et gestion du Bouquetin des Alpes du Léman à la Méditerranée », il permet de renforcer le liens de collaboration et concertation entre les gestionnaires d'espaces naturels des deux côtés de la frontière.
Des études et des méthodologies innovantes sont mises en place pour mieux comprendre les déplacements des animaux au sein des corridors écologiques. La coopération permettra également de mutualiser des outils et des processus partagés de gestion conservatoire du bouquetin, car cette espèce est passée, ces 30 dernières années, par un important « goulet d'étranglement génétique » qui fragilise les populations. La plus grande partie de la population initiale ayant disparu, un appauvrissement considérable du patrimoine génétique de l'espèce en a résulté. Or, une baisse de la diversité génétique peut influencer la capacité des populations à s'adapter à de nouvelles contraintes environnementales telles que des changements climatiques, par exemple. Dans l'hypothèse d'infection, les conséquences possibles d'épidémies sur des populations pourraient potentiellement être désastreuses.
Le projet Alcotra LEMED IBEX vise à mettre au point des méthodes de suivis et d’intervention permettant d’assurer la pérennité de l’espèce à l’échelle des Alpes franco-italiennes. L'objectif à terme est d’élaborer des recommandations et bonnes pratiques de gestion de l'espèce et de ses habitats en impliquant autour du projet des socioprofessionnels et des collectivités en réponse aux recommandations générales de l'UICN.
Enquête participative :
Participez au suivi du bouquetin des alpes dans les réserves naturelles (RNN) de Sixt-Passy et des Contamines-Montjoie en remplissant le formulaire ci dessous.
Dépliant « Participez au suivi du bouquetin des Alpes »
Saisissez vos observation en ligne
Suivez les bouquetins de la RNN des Contamines-Monjoies :
Cliquez sur la flèche pour ouvrir l'application en plein écran et découvrir de nouvelles fonctionalités. Cette application a été financée par le projet Alcotra Lemed Ibex et co-financé par l'Union européenne dans le cadre du programme Interreg V-A France Italie Alcotra 2014-2020 et avec le soutien du Conseil départemental de Haute-Savoie.
LE TETRAS-LYRE
LE GYPAETE BARBU
Le Gypaète Barbu est l'une des espèces les plus menacées en Europe. Elle avait complétement disparue des Alpes à la fin du XXe siècle. Quelques passionnés décident de réintroduire cette espèce emblématique des montagnes, comme le bouquetin une décennie plus tôt. Une première tentative de réintroduction portée par la DDA de Haute-Savoie (Direction Départementale de l’Agriculture) a lieu au début des années 70, à partir d’oiseaux prélevés en nature en Afghanistan. Malheureusement, elle se solde par un échec. Une deuxième initiative en faveur du Gypaète voit le jour à partir d’une autre méthode consistant à relâcher les poussins nés en captivité. Un vaste programme de réintroduction se met alors en place à partir de 1986 aux quatre coins des Alpes, dans le cadre d’une coopération alpine autour de l’élevage et du suivi.
La France en 1987 réintroduit deux poussins, dans le massif du Bargy sur la commune du Reposoir !
C’est Asters, Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, qui coordonne le plan national dans les Alpes françaises, en lien avec la DREAL et la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Pour mettre en oeuvre les actions, Asters s’appuie sur un projet européen, le LIFE GypHelp qui vise à réduire les menaces anthropiques sur le Gypaète barbu et sur d’autres espèces comme les grands rapaces ou les galliformes. Ce projet piloté par Asters s’articule autour de 3 thématiques :
- La diminution des cas de percussions et d’électrocution contre les infrastructures électriques ou les remontées mécaniques des domaines skiables
- La lutte contre les causes d’empoisonnement et d’intoxication,
- L’information des pratiquants de sports et de loisirs (escalade, base jump, parapente, pilotes de drones) pour réduire les cas de dérangement des oiseaux surtout en période de reproduction.
De nombreux partenaires sont associés:
- les Parcs Nationaux de la Vanoise et du Mercantour, la Fondation pour la Conservation des Vautours, l’Observatoire des Galliformes de Montagnes, la Fédération départementale des chasseurs de Haute-Savoie, les entreprises distributrices d’électricité (Enedis et RTE), certains domaines skiables…
En savoir plus : www.gypaete-barbu.com
Le centre d'élevage
Asters, CEN 74 est gestionnaire de l'unique centre d'élevage du Gypaète en France. Ce centre a été reconstruit en 2017 pour garantir un accueil optimal des oiseaux.
Le centre héberge aujourd'hui 3 individus : une femelle "Louise" née en 2010, en couple avec "Neige" né en 2015. Ce sont deux individus nés en captivité.
Dans la deuxième volière, se trouve "Gyphelp" né en nature au Bargy Nord cette année mais qui présente un problème de plumage l’empêchant de voler. Capturé cet automne, des analyses sont en cours pour tenter de comprendre l'origine de son problème : carence alimentaire, problème génétique...
Les images des caméras dans les volières seront prochainement disponible sur le site internet www.gypaete-barbu.com
LA FAUNE DES PAYS DE SAVOIE
avec le CEN 74 sur l’antenne de France Bleu
Une chronique soutenue par la Région Auvergne Rhône-Alpes
Retrouvez les chroniques directement sur ce site en cliquant dans le player sur le nom de votre espèce préférée ou écoutez les chroniques en direct sur l’antenne de France Bleu tous les dimanches à 8h20.