Derrière le paysage de la réserve naturelle des Contamines-Montjoie se cachent des trésors...


Figure 1.1 : Crêtes du haut Val-Montjoie depuis le Beaufortin (© J.Robin).

Des trésors

Derrière le paysage de la réserve naturelle des Contamines-Montjoie se cache une extraordinaire histoire. Elle repose là, insoupçonnée, mystérieuse, fascinante. Ainsi, comme un iceberg à la dérive dans l’océan, la partie visible du paysage n’offre qu’une infime portion des richesses qui le composent. Les roches, le climat, la végétation, les hommes (…), chacun a participé à la formation du paysage que l’on peut voir aujourd’hui. Chacun à sa manière, chacun à sa mesure, chacun à son moment, parfois tous ensemble. Ce paysage est donc une œuvre collective, le fruit d’un partage. C’est probablement ce qui lui donne le plus de valeur.

Un voyage dans le temps

Au début, il n’y avait rien…
Enfin, ce n’est pas vrai mais rien qui ne ressemble au paysage d’aujourd’hui. La Terre était différente. Il n’y avait qu’un seul continent et le massif du Mont-Blanc était une plaine où de rares espèces vivaient.
Et puis, les continents se sont disloqués, individualisés sous l’impulsion des mouvements du magma qui compose le centre de la Terre. De grands océans se sont ouverts à la surface et des roches s’y sont formées.
Notre planète est extrêmement dynamique. Cela peut paraitre difficile à croire avec nos yeux humains et nos vies éphémères, mais la Terre est vivante. Seulement, elle prend son temps. Agée de 4.5 milliards d’années, nos secondes, nos minutes sont pour elle des milliers, des millions d’années.
Elle est si dynamique qu’après s’être ouverts, certains océans ont eu le temps de se refermer. Les Alpes peuvent en témoigner. Séparées à l’origine par un océan, la plaque africaine, et en particulier la zone de l’Italie, est remontée vers la plaque européenne. Ainsi, les roches de l’Europe, de l’océan et de l’Italie ont formé un relief, un arc de montagne qui cerne le Nord de l’Italie, des environs de Nice à Vienne : les Alpes.
Les cours d’eau, les glaciers et la gravité ont alors sculpté ce relief pour lui donner sa forme actuelle. Il y a 20 000 ans, le paysage alpin ressemble au Groenland actuel. Seuls quelques sommets émergent d’un océan de glace. Ensuite, le climat se réchauffe et en quelques milliers d’années les glaciers se retirent dans les plus hautes vallées des Alpes. Des paysages de steppes arctiques puis de forêts se développent alors. Les mammouths disparaissent et la faune actuelle se répand. Les premiers humains, des chasseurs nomades, arrivent dans le haut Val-Montjoie il y a près de 10 000 ans. Puis l’Homme se sédentarise dans la vallée et exploite forêts, alpages, minerais, modifiant le paysage selon ses intérêts depuis près de 3000 ans.
Ce voyage dans le temps se termine par un modeste refroidissement climatique (le Petit Âge Glaciaire, entre 1300 et 1850) où les glaciers se réapproprient la haute montagne alpine. Finalement, conséquence du développement de la société industrielle et tertiaire, le climat se réchauffe rapidement, induisant de profondes transformations dans le paysage.


Figure 1.2 : Quelques trésors de la RNCM (déplacer la main pour afficher le calque, © NRG).

Ainsi, le paysage est dynamique, vivant ; la conséquence de fragiles équilibres en constante évolution. Il est aussi un extraordinaire héritage, façonné par une histoire longue et tumultueuse.

Derrière le paysage de la réserve naturelle des Contamines-Montjoie se cachent des trésors (figure 1.2). Ce texte, ces images et ces cartes vont essayer d’en révéler quelques-uns (figure 1.3), notamment à l’aide de la géomorphologie (la science qui étudie les formes du relief et leur évolution). Une invitation au voyage dans l’histoire récente et contemporaine des paysages de la plus haute réserve naturelle de France.


Echelle de temps géologique et les périodes correspondantes aux différentes parties Découverte du site (© NRG).

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