La Haute-Savoie, un patrimoine vivant
La Haute-Savoie, au cœur des Alpes, possède une richesse naturelle exceptionnelle. Entre sommets, forêts, alpages et lacs, ce territoire abrite une biodiversité remarquable, façonnée par l’altitude, le climat montagnard et la diversité de ses milieux. En partie préservée grâce aux espaces protégés, cette nature constitue un patrimoine vivant qu’il est essentiel de connaître, de respecter et de préserver.
Voici quelques espèces emblématiques, appartenant à la faune et à la flore étudiées et intégrées aux recherches scientifiques d’Asters-CEN74:
Faune
Le Loup gris
Le Loup gris, autrefois présent dans toute l’Europe, avait disparu de France au début du XXᵉ siècle avant de recoloniser naturellement le territoire depuis l’Italie dans les années 1990. Mesurant entre 1 et 1,5 mètre de long pour 20 à 40 kg, il vit en meute organisée autour d’un couple reproducteur. Carnivore, il chasse principalement les ongulés sauvages, mais peut également s’attaquer au bétail. Espèce protégée, le loup fait aujourd’hui l’objet d’un suivi de population dans le cadre de projets menés à Asters-CEN74 en partenariat avec les éleveurs pour favoriser la coexistence.
Le bouquetin des Alpes
Le Bouquetin des Alpes est un ruminant montagnard facilement reconnaissable à ses grandes cornes incurvées. Il occupe les massifs alpins entre 500 et 3 300 mètres d’altitude selon les saisons. Agile et parfaitement adapté aux terrains escarpés, il change de pelage au fil de l’année et vit en troupeaux. Le rut se déroule en hiver. Réintroduit dans la quasi-totalité du massif alpin, le bouquetin a pu être sauvé et bénéficie aujourd’hui d’un statut d’espèce protégée en France et en Italie. Si la population est globalement stable, sa faible diversité génétique demeure un facteur de fragilité. Dans les réserves naturelles de Haute-Savoie, une veille sanitaire est assurée par Asters-CEN74 dans le cadre du projet SaniTerre, afin de surveiller l’apparition de maladies et d’évaluer les risques sanitaires pour cette espèce.
Le lagopède Alpin
Le Lagopède alpin, ou perdrix des neiges, est un oiseau galliforme de montagne appartenant à la famille des Phasianidés. Il vit dans les zones alpines d’altitude, au-dessus de la limite des forêts, dans des milieux froids et rocailleux. Parfaitement adapté à son environnement, il change de plumage selon les saisons : blanc en hiver pour se camoufler dans la neige, et moucheté brun-gris en été pour se fondre dans les roches. Discret et difficile à observer, le lagopède est une espèce sensible, menacée par le dérangement, le réchauffement climatique et la réduction de son habitat. Il est protégé dans de nombreuses régions de montagne.
Le Lagopède alpin fait l’objet d’un suivi attentif par les équipes d’Asters-CEN74 dans les réserves naturelles, ainsi que d’études sur son dérangement en domaine skiable dans le cadre du projet ARBI.
Le gypaète barbu
Le Gypaète barbu est un grand rapace charognard de la famille des accipitridés. Il se distingue par sa grande envergure (jusqu’à 2,8 mètres), son plumage clair avec des teintes rousses, et une fine « barbe » noire sous le bec. Espèce protégée et menacée, le gypaète a disparu de plusieurs régions d’Europe mais fait l’objet de programmes de réintroduction depuis les années 1980. C’est Asters, Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie, qui coordonne le Plan National d’Actions du Gypaète barbu dans les Alpes françaises, en lien avec la DREAL et la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Asters-CEN74 est aussi gestionnaire d’un centre d’élevage du Gypaète en France pour favoriser sa réintroduction. Ce centre a été reconstruit en 2017 pour garantir un accueil optimal des oiseaux.
Le Papillon Maculinea
Les Maculinea constituent un groupe de petits papillons bleus appartenant à la famille des Lycaenidae. En France, plusieurs espèces sont présentes, notamment Phengaris arion, Phengaris teleius, Phengaris nausithous et Phengaris alcon. Ces espèces sont protégées, très localisées et souvent utilisées comme indicateurs de la qualité écologique des prairies humides et sèches.
Selon l’espèce, les Maculinea fréquentent différents types de milieux :
- Zones humides
- Prairies mésophiles
- Prairies sèches riches en origan ou en thym
Ils se rencontrent donc principalement dans dans les milieux ouverts de forte valeur écologique. Dans le cadre des inventaires menés par Asters-CEN74 sur les zones humides, ces papillons sont régulièrement recensés afin de signaler leur présence et de mettre en évidence la richesse biologique d’un site.
Cependant, les Maculinea sont souvent menacés par la fermeture des milieux (suite à l’abandon du pâturage), la fauche trop précoce, l’urbanisation ou les plantations trop denses.
Le Crapaud Commun
Le Crapaud commun se reconnaît à son corps trapu brun, sa peau pustuleuse et ses grandes glandes parotoïdes situées derrière les yeux. On le trouve notamment dans la Réserve naturelle du Bout du Lac d’Annecy, qui abrite la dernière population du tour du lac d’Annecy. Au printemps, il migre massivement et de manière prévisible vers ses sites de reproduction aquatiques. À la fin de l’été, les jeunes métamorphosés passent à une vie terrestre et se réfugient dans le sol ou sous des abris naturels. Bien que protégée en France, l’espèce reste en déclin en raison des nombreuses menaces pesant sur les amphibiens. Face à la fragmentation des corridors écologiques (routes, infrastructures…) et la destruction des habitats naturels, deux projets se sont succédé : SOS Crapauds, puis RE-CO Crapauds, qui visent à restaurer les continuités écologiques.
FLORE
La littorelle à une fleur

La Littorelle à une fleur est une petite plante amphibie vivace, appartenant à la famille des plantaginacées. Elle pousse sur les rives de lacs, d’étangs et de mares, souvent sur les sols sableux ou vaseux, temporairement inondés.
Elle se caractérise par ses feuilles étroites en rosette et sa fleur unique, discrète, ce qui lui a valu son nom. C’est une espèce adaptée aux variations du niveau de l’eau, capable de survivre partiellement immergée ou émergée. Rare et localisée, la Littorelle est menacée par la disparition des zones humides, l’artificialisation des berges, l’eutrophisation et le piétinement. Elle est protégée en France et figure sur la liste des espèces d’intérêt communautaire (directive Habitats). C’est pourquoi, depuis 2023, Asters-CEN74 réalise le renforcement des populations de Littorelle sur les bords du Léman, sur la commune de Chens-sur-Léman et Yvoire.
Le Glaïeul des marais

Le Glaïeul des marais, est une plante herbacée vivace de la famille des iridacées. Malgré son nom, il pousse surtout dans des prairies humides, fauchées tardivement, plutôt que dans les marais à proprement parler. Il se reconnaît à ses fleurs roses pourpres, élégantes, portées par une tige fine de 30 à 60 cm. Sa floraison a lieu en mai-juin. Espèce rare et menacée en Europe, le Glaïeul des marais souffre de la disparition des prairies naturelles, due au drainage, à l’abandon de la fauche traditionnelle ou à l’intensification agricole. Il est protégé. De nombreuses actions sont en cours, intégrant aussi bien des actions de gestion, de suivi des populations, de recherche d’individus ou d’analyse génétique sur l’ensemble des populations Hautes-Savoyardes, initiées par Asters-CEN74.
La reine des Alpes

La Reine des Alpes est une plante vivace de montagne appartenant à la famille des Apiacées (comme la carotte). On la reconnaît à ses fleurs bleues métalliques entourées de bractées piquantes. Elle pousse dans les prairies alpines ensoleillées, entre 1 000 et 2 500 m d’altitude, notamment dans les Alpes et les Pyrénées. Suivie depuis de très nombreuses années dans la Réserve naturelle nationale de Sixt-Passy, cette espèce bénéficie dans le cadre du projet Royaume, d’actions de conservation et de médiation pour sa sauvegarde.
Le liparis de Loesel

Le Liparis de Loesel est une orchidée rare et protégée. Elle pousse dans des milieux humides comme les tourbières, prairies marécageuses ou landes humides, principalement en Europe, mais de façon très localisée. De petite taille (10 à 25 cm), elle porte de fines fleurs verdâtres peu spectaculaires, mais très particulières. Elle fleurit entre mai et juillet. Espèce menacée et emblématique des bas-marais alcalin, le Liparis de Loesel est également suivie depuis de très nombreuses années. En 2025, un état des lieux de l’ensemble des populations a été réalisé par Asters-CEN74, afin de mettre en place des actions de gestion et de préservation de son habitat.