PNA - Gypaète barbu

Asters-CEN74 gère l’un des deux centres français d’élevage du Gypaète barbu, dédié à produire des poussins pour les programmes de réintroduction européens. Installé dans la vallée de l’Arve face au Mont-Blanc, le centre est privé et non ouvert au public pour préserver la tranquillité des oiseaux.

Le travail consiste à nourrir les gypaètes avec viande et os issus d’élevages, et à limiter les contacts pour maintenir un comportement naturel. Dès l’automne, des matériaux de nidification sont fournis pour stimuler la reproduction, suivie ensuite par caméras. En cas de problème, l’équipe peut intervenir (couveuse, double adoption…).

En 2025, quatre volières abritent huit oiseaux, dont trois couples reproducteurs. Les poussins nés au centre peuvent rejoindre les programmes de réintroduction en Europe.

Différentes techniques permettent de suivre la population de Gypaètes barbus. Toutes les données sont centralisées et analysées à l’échelle de l’arc alpin dans le cadre du programme international IBM, afin d’évaluer l’état de la population et l’efficacité des actions de réintroduction. Ce suivi renseigne sur la dynamique de la population (effectifs, survie, reproduction, sexe ratio), la biologie et l’écologie de l’espèce, ainsi que l’étendue du réseau d’observateurs.

En cas d’augmentation de la mortalité ou de baisse du succès reproducteur, ces informations permettent de détecter rapidement les problèmes et de mettre en place des mesures de conservation adaptées.

Le suivi repose sur trois outils principaux :

• Les observations visuelles (prospections, comptages, reproduction) grâce au réseau d’observateurs
• Le suivi satellite avec balises posées sur certains oiseaux
• Le suivi génétique à partir de plumes récoltées sur le terrain

La croissance naturelle du Gypaète barbu est très lente, ce qui rend l’espèce fragile. Dans le cadre du programme de réintroduction et de conservation alpin, la population doit augmenter rapidement pour devenir viable sans nouveaux oiseaux réintroduits. Cela exige un taux de mortalité très faible, chez les adultes comme chez les jeunes, ainsi qu’une productivité élevée des couples, car l’espèce se développe lentement même en conditions favorables. Quelques décès supplémentaires par an suffiraient à inverser la tendance positive observée dans les Alpes, comme l’a montré l’étude de Schaub et al. (2024).

Le Plan national d’actions (PNA) doit donc concentrer ses efforts sur la réduction des perturbations au nid et des causes de mortalité : lutte contre l’empoisonnement et les intoxications, prévention des collisions avec les câbles aériens ou les éoliennes, en partenariat avec les gestionnaires d’énergie et de domaines skiables.

Le Gypaète barbu est une espèce emblématique des Alpes et bénéficie désormais d’une image très favorable, largement partagée par les différents publics comme par les acteurs socioprofessionnels. La communication autour de cette espèce, ainsi que du programme de réintroduction et de conservation, est à la fois facile, valorisante et porteuse de messages constructifs.

Asters-CEN74 continue de sensibiliser les libéristes et les grimpeurs, dont les activités peuvent perturber le rapace, à la présence de Zones à Sensibilité Majeure (ZSM). Asters-CEN74 propose également de nombreuses activités et des lieux d’exposition dédiés au Gypaète barbu.